Mais tout d’abord qu’est-ce qu’un « chez soi » ?
Wouaouh. La question est surprenante ! Tout le monde connaît la réponse, même un enfant : c’est une maison avec un toit et de la fumée qui sort de la cheminée. C’est un bien immobilier, quoi.
Ça, c’est la réponse d’adulte. Mais comme la boite du mouton de Saint-Exupéry, qu’y a-t-il à l’intérieur de ces quatre murs ? Avons-nous conservé notre âme d’enfant pour distinguer ce que cache ce dessin ?

Baptiste – 9 ans
Home, sweet home.
Nos habitations sont le lieu privilégié où nous dormons, où nous mangeons, où nous vivons, où nous nous sentons bien. Ne parle-t-on pas de « cocon » ou de « nid douillet » ? Ce qui est certain, c’est que nos habitations sont bien autres choses qu’un toit soutenu par quatre murs percés de fenêtres. Nos habitations sont comme des organismes vivants. Elles développent tout un écosystème en relation avec leur environnement, aussi bien extérieur, qu’intérieur. Nous retrouvons d’ailleurs ce principe dans le Feng Shui.
Mais qu’est-ce qui fait justement qu’il y a des maisons où l’on se sente bien, et d’autres pas du tout ? Reconnaissons que c’est tout à fait personnel et subjectif. On s’y sent bien, parce qu’elle nous correspond. Certains dégagent « de bonnes ondes », d’autre non.
Nous sommes à l’aise dans notre corps quand nous reconnaissons ses fonctions vitales, que nous le nourrissons de bonnes choses, que nous en prenons soin, que nous faisons un peu de sport. À la différence près que nous ne choisissons pas notre corps, mais nous l’entretenons, le modelons.
Imaginons quelques instants nos habitations comme le prolongement de notre corps. Identifions les fonctions qui leur sont absolument vitales, à l’un comme à l’autre, et tentons de relever les analogies.
Une maison respire.
Oui, ça a l’air bête, mais c’est vrai. Il est indispensable de veiller à une bonne circulation quotidienne et continue de l’air. D’abord pour le renouveler, et pour nous permettre à nous humains, ou aux animaux, voire aux plantes de respirer nous aussi. Ensuite, parce que nos intérieurs sont souvent très pollués, il est donc important de faire sortir les éléments toxiques qui pourraient émaner des peintures, des meubles, des produits que nous utilisons au quotidien.
Il existe deux sortes de respirations : une ventilation lente qui doit être présente même porte et fenêtre fermée. Elle se situe parfois dans le bas des murs, ou à l’intérieur même des fenêtres qui sont percées de petits trous. Celle-ci est indispensable pour éviter la formation de zones d’humidités. Il ne faut surtout pas l’obstruer. On peut penser que cela nuirait à l’isolation, mais une toute petite ouverture ne laisse que très faiblement partir les calories.
L’idéal serait d’avoir des murs qui respirent, comme le fait notre peau. On appelle cela des murs perspirants. Ils peuvent être en terre ou en chaux et leurs avantages en terme de confort est indéniable. Mais l’usage de ces parois se fait dès la conception de maison et rares sont celles qui en sont équipées. Cela n’empêche pas l’emploi de VMC, même dans le cas de parois perspirantes. Dans tous les cas, une ventilation haute et une ventilation basse sont souhaitables, pas seulement dans les pièces humides comme les salles de bain et la cuisine.
De la même manière que nous avons deux sortes de respirations : celle quotidienne dont nous ne nous apercevons pas, et l’une qui apparaît quand nous faisons un effort physique, nos habitations et nos pièces ont besoin d’être aérées en grand au minimum 10 à 15 minutes par jours.
L’entrée, les couloirs et espaces de circulation permettent de bouger facilement.
Ils correspondent à nos articulations et ne doivent pas être encombrés. Cela créerait comme de l’arthrose. Car si les articulations se bloquent tout le corps se bloque. Pour cela, ne rien placer dans les couloirs, cela paraît une évidence, car non seulement le passage en est difficile, mais cela empêche également les énergies de circuler.
De la même manière, dans une pièce, il est toujours préférable de ne pas obstruer les fenêtres, de manière à non seulement laisser leur accès libre, mais créer un espace de circulation qui va agrandir la pièce, laissant la lumière pénétrer.
C’est pourquoi il est préférable de cloisonner au minimum les pièces. Il vaut mieux créer des espaces avec des claustras, des paravants, mais les cloisons en dur obstruent la lumière et coupent la circulation. Ce n’est pas parce que le gâteau est petit, qu’on en aura plus en coupant des plus petites parts. De même pour une habitation, un appartement ou une maison. Ce n’est pas en multipliant les pièces que l’on gagne en espace, au contraire. Il vaut mieux décloisonner et utiliser les espaces à plusieurs usages : pouvoir transformer rapidement une partie du salon en bureau optimisera l’espace.
Ce n’est pas pour autant que tous les espaces doivent devenir des espaces de circulation, comme dans la Villa Savoye, dessinée par Le Corbusier, qui est inhabitable. Il nous faut des endroits où nous pouvons nous arrêter et nous reposer.
Les réseaux d’eau et de chauffage circulent comme le sang.
Nous ne les voyons pas, mais ils sont absolument indispensables. Sans réseau d’eau, pas de cuisine, pas de toilettes, pas de salle de bain, et pas de chauffage, quand il est central. Cette eau de la maison est donc notre fluide vital, comme le sang. Nous pourrions difficilement nous en passer. Il est peut-être difficile d’intervenir sur les réseaux d’eau, mais il est essentiel qu’ils soient bien conçus, de manière à ce qu’il n’y ait pas de fuites, et que les radiateurs ne prennent pas trop de place. Une fuite dans une maison, c’est comme une hémorragie, il faut tout de suite faire un point de compression et l’enrayer, sinon, c’est toute la maison qui peut être inondée et détruite.
Les réseaux électriques, faible et basse tension, sont nos nerfs.
De la même manière que nos nerfs sont cachés sous la peau, ils doivent être conçus pour s’intégrer dans les murs dès la phase de conception. Rien de plus laid que des goulottes qui parcourent tous les murs et les plafonds. Cela revient à avoir les nerfs à fleur de peau. D’une part, cela peut être dangereux et d’autre part ce n’est pas très esthétique. Il est certain que parfois, on n’a pas le choix. Mais il vaut mieux éviter.
D’autre part, autant les réseaux électriques sont indispensables, autant les effets induits peuvent être négatifs. Tout d’abord, comme le recommande le Feng shui, il est recommandé d’éviter les appareils électroménagers, ainsi que les écrans de télévision dans nos chambres, en particulier les chambres d’enfant. Car même éteints, ils continuent à émettre des ondes qui risquent de perturber celles de notre corps. Ce qui risque de perturber notre sommeil et peut être cause de stress, d’irritabilité et par conséquent de fatigue
Ingurgitons, sans stocker des choses inutiles.
De la même manière que les graisses inutiles alourdissent inutilement l’organisme, tous les objets inutilisés prennent de la place inutilement dans nos habitations. Elles empêchent les énergies de circuler.
Dans ce que nous stockons, que ce soient les vêtements, les livres, les objets divers, nous n’utilisons qu’une très faible part. La moitié des choses stockées ne sont jamais utilisées et encombrent à la fois notre espace physique, mais aussi mental. Ces affaires nous rappellent très certainement des souvenirs dont nous n’arrivons pas à nous détacher. Il faut arriver à faire le deuil de ces moments du passé qui nous bloquent et nous empêche d’avancer ; pour cela il est indispensable de faire un grand tri régulièrement pourquoi pas au printemps ou à l’automne, ou à la fin de l’année comme lors du ôsôji Japonais. Alors jetons, jetons, jetons.
Éclairons nos zones d’ombre.
Nous avons tous des zones d’ombres, dans nos habitations et dans des recoins cachés de nos consciences. Nos maisons étant le reflet de nos états d’âme, il arrive que nous ne voulions pas voir certaines choses. Alors nous les laissons dans l’ombre. Je préconise au contraire d’éclairer les placards, les étagères, les dessous d’escaliers.
Cette part d’ombre correspond concrètement à tous les aspects de nous-même que nous ne voulons pas voir. Mais elle recèle aussi des trésors cachés. Nos habitations sont à l’image de ce que nous sommes. Elles sont le reflet de nos êtres. En cherchant à faire le ménage, faisons le ménage dans nos têtes et éclairons nos coins d’ombres.
Les ouvertures et les fenêtres : nos organes des sens.
Ouverts, mais pas trop, il faut pouvoir fermer les fenêtres et les volets, pour se retrouver dans son intérieur. Il est souhaitable que chaque personne de la famille ait un petit espace privatif pour pouvoir s’isoler, en tout cas à partir de l’adolescence. Il est parfois difficile de ménager une chambre à chaque enfant dans une famille nombreuse, et l’on doit parfois faire des concessions. J’ai visité de grandes maisons, sans aucune porte, sauf celle des toilettes. Je parlais d’ailleurs de la villa Savoye du Corbusier, qui est invivable pour cette raison, elle a décidé d’enlever toutes les cloisons. Il faut un moment pouvoir s’arrêter, pour se retrouver.
Une maison a-t-elle une âme ?
Quand je refais la décoration, je crée une empreinte, je façonne mon décor, j’imprime mon identité dans les murs. J’y laisse ma trace, plus ou moins durable. La décoration intérieure, ce ne sont pas seulement quelques meubles pour s’asseoir et dormir dessus et ranger nos affaires, ni quelques couleurs pour égayer notre quotidien. Quand nous faisons ou refaisons la décoration intérieure, nous donnons une âme à notre habitation, et c’est ce qui fait que nous nous y sentons bien. C’est ce qui la rend moins impersonnelle et fait qu’elle nous correspond.
Ce qui est certain, c’est qu’une habitation a une mémoire, car elle véhicule une histoire, issue de celle de ses constructeurs et de ses matériaux, mais aussi de tous ses habitants successifs. Ce n’est évidemment pas la même chose pour un appartement dans un immeuble moderne qu’avec une maison en pierres construite selon des méthodes traditionnelles, mais n’empêche.
Ainsi, personnalisons la décoration intérieure de nos habitations. Efforçons-nous qu’elles aient une âme et pour cela éclairons-les de l’intérieur.
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Je n’avais jamais comparé la maison avec le corps mais je trouve cela très intéressant et très vrai ! Nos habitations sont effectivement une sorte de prolongement de notre corps ! Merci pour cet article instructif et très interessant.